Par A. Koda Traoré
Face à ce que l'on peut appeler la "marée Internet" que deviendront alors ces chers "vieux?" intermédiaires du livre ? Sont-ils appeler à disparaître comme certains le pensent ou au contraire leurs métiers deviendront plus d'indispensables comme le pensent d'autres? Pour mieux répondre à ces questions allons au coeur de ce métier dont tous reconnaissent volontiers l'importance de l'objet c'est dire l'information sans qu'il y ait la même unanimité quant à la la valeur ajoutée de ses professionnels dans la chaîne du savoir en dehors des facilités qu'ils offrent en termes d'organisation et d'accès à l'information.
Terminologie
Terminologie
A l’origine il y’avait les bibliothèques. Elles ont été crées pour servir de lieu de conservation du savoir humain entreposé dans les livres. Leur nom est assez significatif à cet égard : « Biblio »voulant dire livre et « theque » venant du grec Thêkê signifiant loge, réceptacle, armoire. Leur concept a toujours été intimement lié à celui de l’écriture, manuscrite puis imprimée, notamment avec la naissance de l’imprimerie moderne. Lorsqu'il parle de la littérature et de son public, Kernan indique que "l'imprimerie a rendu pour la première fois la littérature objectivement réelle et par conséquent subjectivement concevable comme fait universel, dans les grandes bibliothèques de livres imprimés qui contenaient de grandes collections d'écrits mondiaux". Ainsi, nous trouvons-nous déterminés historiquement par la manifestation physique du texte. La bibliothèque a représenté le désir de récupérer l'information dans le texte fixe et multiple produit de la technologie de l'imprimerie. Elle a favorisé le développement de langages contrôlés permettant d'établir des liens hiérarchiques et des associations entre les termes employés pour décrire le contenu du texte et créer des outils de recherche [Cristian Cabezas M.]
La révolution technologique de la fin du siècle dernier a conduit à une redéfinition du concept des bibliothèques. Internet notamment, a obligé le monde de l’information documentaire à abandonner progressivement l’idée de conservation et de mémoire qui caractérisaient les bibliothèques traditionnelles. Celles ci s’acheminent de plus en plus vers une politique d’ouverture, de démocratisation de l’information et de recherche. C’est ainsi que les premiers concepts de bibliothèque virtuelle pour certains, numérique ou électronique pour d’autres, a commencé à faire son apparition.
Selon Jean-Claude Guédon, le mot virtuel, comme dans l’expression bibliothèque virtuelle, « renvoie à une série de problèmes différents de ceux de la numérisation. Nous ne devons pas confondre virtuel et irréel. Le virtuel n’est autre que du potentiel, et en tant que tel, il est la réalité en devenir.
Une bibliothèque virtuelle porte ainsi en elle la promesse intense de sa réalisation (concrétisation) « Avec les documents numériques, les bibliothèques doivent apprendre à concrétiser les fonctions de base en prenant en compte les caractéristiques matérielles particulières de ces nouveaux supports.
Le terme bibliothèque virtuelle renverrait donc à la potentialité de réalisation d’une forme nouvelle d’activité ou de transition » [Guédon 1998]
Pour des étudiants de l’INSA, qui présentent une bibliographie sur le sujet en 1999, la bibliothèque virtuelle est « une potentialité de consulter des millions de pages en ligne avec l’aide d’outils de navigation et d’agents intelligents spécialisés. Les auteurs utilisent d’ailleurs le terme de bibliothèque numérique pour évoquer les conséquences techniques et sociales de la mise en ligne et de l’organisation intellectuelle de documents électroniques par une bibliothèque. La bibliothèque virtuelle représenterait donc la bibliothèque totale, existant depuis toujours dans l’imaginaire collectif.
L’expression « bibliothèque numérique », traduction de « digital library », telle que la définit Hervé Le Crosnier est celle de « bibliothèques organisant l’accès aux documents numériques » [Lecrosnier1997]
L’expression « bibliothèque électronique » est quant à elle employée par les Britanniques pour leur projet eLib (UK Electronic Libraries Program) Chris Rusbridge, dans le premier bilan qu’elle produit de ce programme, nous présente les différences entre ce projet et le projet américain DLI (US Digital Libraries Initiative). Tandis que le projet DLI a pour objectif d’amener les différentes ressources aux utilisateurs, le projet eLib part des besoins des institutions, des usagers et des bibliothécaires pour en déduire les ressources utiles. En ce sens, l’expression « bibliothèque électronique », utilisée en Europe et en France particulièrement, se référerait à la définition et à la conception selon les besoins de ses usagers d’une bibliothèque dans l’univers électronique.
Ainsi, les trois expressions correspondraient à trois concepts différents : la bibliothèque virtuelle est une collection de documents sans limite et non détenue, la bibliothèque numérique, une collection précise et située, la bibliothèque électronique un ensemble de services qui dépassent la seule collection numérique.
Les défis sont donc multiples
Les centres d’informations documentaires (bibliothèques, centres de documentation, centre de ressources…) ont toujours vécu dans l’optique de répondre efficacement aux demandes d’information de leurs usagers. Ainsi tout le travail d’organisation, de collecte et d’acquisition vise à atteindre ce « sacro-saint objectif» Nous ouvrons ici une parenthèse pour mentionner ici quelques similarités avec le rôle que tentent de jouer certaines institutions telles que le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA). En effet, en permettant un meilleur accès à l’information agricole et rurale, le CTA n’a t-il pas pour vocation de jouer aussi ce rôle si cher aux bibliothèques et centres d’information documentaire ? Fermons la parenthèse pour dire que si l’objectif à terme est le même, les fonctions et les outils pour y arriver vont certainement changer avec l’émergence des nouvelles technologies informatiques et télématiques.
Les métiers d’intermédiaires de l’information (librairies, agences d’abonnement, bibliothèques et centres de documentation) se sont conçus autour du livre imprimé. La plupart des intermédiaires, qui doivent traiter le document pour en gérer sa part transitoire, ont développé un savoir-faire fondé sur les caractéristiques physiques du document. En revanche, avec l’ère de l’électronique le document est davantage le « véhicule d’un contenu que sa matérialisation » Il (le document) perd ses repères physiques et le livre ne serait dès lors qu’une « une collection de chapitres et le périodique une collection d’articles» [Lupovici, 1996]
Dans cette nouvelle donne, les bibliothèques et centres d’information documentaire seront appelés à jouer un rôle de plus en plus de conseil, de formation à l’utilisation des outils et réseaux et d’ajout à la valeur de l’information existante. Les fonctions traditionnelles de catalogage, d’indexation et même de recherche dans les bases de données cèdent progressivement le pas aux fonctions de veille, d’accompagnement et d'analyse.
Plusieurs opportunités s’offrent ainsi aux systèmes d’information documentaire parmi lesquelles, nous pouvons retenir notamment:
- L’édition et la publication électronique
- Le « référencement documentaire » dérivant de la traditionnelle fonction de bibliographe
- La veille environnementale, concurentielle ou technologique devant permettre l’élaboration de produits personnalisés à haute valeur ajoutée.
C’est notamment autour de cette dernière fonction de veille que pourrait se trouver sans doute l'avenir des métiers de l'information documentaire en particulier pour les pays d'Afrique afin qu'ils mettent en place des dispositifs importants qui serviront de tremplin pour asseoir une véritable culture de l'information et être capable d'anticiper les innovations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire