lundi 17 décembre 2007

Les Centres multimédia communautaires: quelles réponses?

Des enquêtes menées au Mali et au Sénégal dans le cadre d'une étude pour la mise en place de Centres multimédia communautaires[i] intégrant les TIC nous ont permis de confirmer nos postulats de départ: les multiples problèmes à l’insertion sociale des TIC (y compris Internet) lorsqu’il était question de milieu urbain ne peuvent que s'aggraver lorsqu'il s’agit du milieu rural.
En effet, le faible pouvoir d’achat qui est un des obstacles à l’usage des TIC est beaucoup plus marqué chez les ruraux. L’analphabétisme est aussi présent et comme cela est le cas dans beaucoup de pays d’Afrique, l’instabilité du courant électrique (lorsqu’il est disponible) endommage très souvent les matériels acquis. A ces problèmes, il faudrait ajouter un environnement politique et réglementaire encore contraignant en dépit des progrès constatés dans ces pays et bien entendu la sempiternelle question des infrastructures de télécommunication.

Face à ces contraintes, il n'est cependant pas question de baisser les bras. Je suis fermement convaincu que seule une approche intégrant des réponses technologiques, sociales et économiques pourrait aider à faire face à la situation. En gardant bon espoir que les pouvoirs publics sauront créer des cadres réglementaires favorables aux investissements dans le secteur des TIC en général, des télécommunications en particulier, le dispositif qui sera mis en place devra donc tenter de réfléchir aux questions suivantes : quels sont les contenus à diffuser et partager ? Quels sont les mécanismes à mettre en place ? Quels sont acteurs pouvant y contribuer ?



Fig. 1: proposition de schéma fonctionnel

Au niveau communautaire, il faudrait mettre en place les meilleures articulations qui, d'une part, favoriseraient l’implication effective des communautés rurales dans l’identification de leurs besoins en information et de production d’un continu adapté et d'autre part, développer des systèmes de diffusion et de suivi des informations sur les innovations particulièrement lorsqu’elles ont des effets sur la vie locale communautaire. Il est par ailleurs nécessaire de disposer dans tous ces centres espace d’échanges et de collaboration qui pourrait être renforcée par le Web pour mieux exposer la communauté au contexte international.

Au niveau centres multimédia, il est urgent de mettre en place un dispositif d'accompagnement à travers un programme soutenu de renforcement de capacité par la formation et l'appui au développement des réseaux d'acteurs qui sont impliqués dans ce type de programmes



Enfin, il faudrait constamment rechercher les meilleurs facteurs de durabilité notamment par l'intégration dès le départ d'un modèle de gestion "business plan" qui assurerait à terme une autonomie de ces centres notamment à travers des activités génératrices de revenu.



Je reviendrai en détails sur chacun des ces aspects dans des postings ultérieurs.
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[i] Ilboudo, Jean-Pierre. Evaluation des Centres multimédia au Sénégal et au Mali. Wageningen : CTA, 2007


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je voulais réagir au texte sur les CMC notamment l'appropriation communautaire, autrement dit le "business plan". Je suis d’accord sur les compétences à mobiliser, les équipements, les infrastructures, mais pour moi quand on est dans le domaine du développement, ce qui est vraiment important et qui peut produire du changement en faisant tache d’huile, c’est la stratégie d’appropriation communautaire. Je travaille en ce moment sur les plates-formes multifonctionnelles, un projet du PNUD, basé à Dakar. Il s'agit de super moulins qui permettent de moudre du grain et surtout de fournir de l’énergie au village pour l’électricité, l’eau courante, etc. Eh bien, les secrets de la réussite de ces plates-formes résident évidemment dans le fait que la mouture du grain ou le broyage du karité, du pourghère, le décorticage de l'arachide sont déjà en eux mêmes des produits d’appel intéressants, mais d’autres éléments sont à prendre en considération :
- l’approche participative ;
- les études de faisabilité ;
- les formations ;
- la mise en place d’un réseau d’artisans ;
- le suivi par les animateurs et animatrices ;
- la mise en place de dépôt vente de pièces de rechange ;
- le partenariat...
Bref, un suivi de proximité qui coûte de l’argent mais qui peut s’avérer payant à la longue.
Comment les CMC peuvent-ils s'inspirer d'une telle approche? Vaste question

S. Ouattara