mardi 18 décembre 2007

Lancement du satellite de télécommunication africain pour le 20 décembre 2007

Le Rascom 1, premier satellite de télécommunication africain, devra être lancé le 20 décembre à partir de la rampe de lancement en Guyane sur une fusée Ariane 5 pour aller dans l’espace. Si les tests sont concluants, l’exploitation devrait commencer en principe le 1er trimestre 2008 a indiqué M. Akossi Akossi Jacques, SG de l’Union Africaine des Télécommunications (UAT) dans un entretien accordé à Fraternité Matin.

Selon un document de Casimir Leke Betechuoh[i], le système RASCOM se composerait de deux éléments :
• le secteur spatial constitué du système à satellites et des installations terrestres reliées au satellite telles que le centre d'opérations RASCOM. Il couvre l'ensemble du continent dans les bandes C et Ku; • le secteur terrien constitué des installations d'accès au réseau contrôlées par les stations du réseau qui comprennent les passerelles d'interconnexion et d'accès aux circuits ainsi que les stations multimédias au sol nécessaires pour assurer une large gamme de prestations detélécommunication.

Pour le continent africain c'est une avancée considérable dans sa marche pour la réduction de la fracture numérique entre le continent et le reste du monde et surtout entre les zones rurales et urbaines africaines.
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[i] Casimir Leke Betechuoh . 2003. RASCOM, un élément essentiel pour la mise en œuvre des objectifs du NEPAD en matière de TIC
url : http://www.itu.int/ITU-D/afr/events/arusha-ITU-NEPAD/Documents/doc3(rascom-french).pdf (accede le 17-12-2007)

lundi 17 décembre 2007

Les Centres multimédia communautaires: quelles réponses?

Des enquêtes menées au Mali et au Sénégal dans le cadre d'une étude pour la mise en place de Centres multimédia communautaires[i] intégrant les TIC nous ont permis de confirmer nos postulats de départ: les multiples problèmes à l’insertion sociale des TIC (y compris Internet) lorsqu’il était question de milieu urbain ne peuvent que s'aggraver lorsqu'il s’agit du milieu rural.
En effet, le faible pouvoir d’achat qui est un des obstacles à l’usage des TIC est beaucoup plus marqué chez les ruraux. L’analphabétisme est aussi présent et comme cela est le cas dans beaucoup de pays d’Afrique, l’instabilité du courant électrique (lorsqu’il est disponible) endommage très souvent les matériels acquis. A ces problèmes, il faudrait ajouter un environnement politique et réglementaire encore contraignant en dépit des progrès constatés dans ces pays et bien entendu la sempiternelle question des infrastructures de télécommunication.

Face à ces contraintes, il n'est cependant pas question de baisser les bras. Je suis fermement convaincu que seule une approche intégrant des réponses technologiques, sociales et économiques pourrait aider à faire face à la situation. En gardant bon espoir que les pouvoirs publics sauront créer des cadres réglementaires favorables aux investissements dans le secteur des TIC en général, des télécommunications en particulier, le dispositif qui sera mis en place devra donc tenter de réfléchir aux questions suivantes : quels sont les contenus à diffuser et partager ? Quels sont les mécanismes à mettre en place ? Quels sont acteurs pouvant y contribuer ?



Fig. 1: proposition de schéma fonctionnel

Au niveau communautaire, il faudrait mettre en place les meilleures articulations qui, d'une part, favoriseraient l’implication effective des communautés rurales dans l’identification de leurs besoins en information et de production d’un continu adapté et d'autre part, développer des systèmes de diffusion et de suivi des informations sur les innovations particulièrement lorsqu’elles ont des effets sur la vie locale communautaire. Il est par ailleurs nécessaire de disposer dans tous ces centres espace d’échanges et de collaboration qui pourrait être renforcée par le Web pour mieux exposer la communauté au contexte international.

Au niveau centres multimédia, il est urgent de mettre en place un dispositif d'accompagnement à travers un programme soutenu de renforcement de capacité par la formation et l'appui au développement des réseaux d'acteurs qui sont impliqués dans ce type de programmes



Enfin, il faudrait constamment rechercher les meilleurs facteurs de durabilité notamment par l'intégration dès le départ d'un modèle de gestion "business plan" qui assurerait à terme une autonomie de ces centres notamment à travers des activités génératrices de revenu.



Je reviendrai en détails sur chacun des ces aspects dans des postings ultérieurs.
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[i] Ilboudo, Jean-Pierre. Evaluation des Centres multimédia au Sénégal et au Mali. Wageningen : CTA, 2007


vendredi 23 novembre 2007

France Télécom remporte le marché de la téphonie mobile au Niger pour 48 M d'Euro

C'est le communiqué que vient de faire le Groupe France Telecom en annoncant que l'État Nigérien a décidé d'attribuer à un consortium contrôlé par le Groupe la nouvelle licence globale fixe-mobile-internet pour un montant de 48 millions d'euros.
L'intérêt de l'offre de France Telecom souligne Silicon.fr, viendrait de son association avec des opérateurs privés nationaux. C'est peut être par la qu'il faudrait chercher la solution aux problèmes de connectivité du continent. Pourvu qu'on évite les situations de quasi monopole

mercredi 24 octobre 2007

VSAT et sans-fil, des chances pour l’Afrique ? Connecté avec le monde mais pas avec son voisin.

Publié par : Philippe Drouot.

Cet article me semble particulierement interessant à partager avec vous car il rappelle avec acuité la complexité de la question d'accès à Internet par les pays africains.
L'auteur rappelle qu'en "dehors des pays côtiers, la seule alternative actuellement consiste à utiliser une antenne satellite ..." "... il faut compter de 350 à 3500 euros par mois par Mbit/s (en cumulant upload+download) ; c’est à dire 350 euros pour un accès partagé saturant aléatoirement en upload (et donc inutilisable à des fins de partage entre plusieurs structures) et dix fois plus cher pour une bande passante dédiée (et par là réellement partageable).compter de 350 à 3500 euros par mois par Mbit/s (en cumulant upload+download) ; c’est à dire 350 euros pour un accès partagé saturant aléatoirement en upload (et donc inutilisable à des fins de partage entre plusieurs structures) et dix fois plus cher pour une bande passante dédiée (et par là réellement partageable)."

Le mobile ? Oui pourvu que la couverture soit présente. Combiner VSAT+Wifi? 15 spots vsat + wifi/wimax = 15 fois le cout d’1 spot vsat+wifi/wimax/autre

Et de conclure, les Etats doivent assumer leurs rôles, en "développ[ant] l’infrastructure nécessaire à délivrer des services de base pour tous tels que l’eau, l’électricité et les télécommunications dont Internet"

dimanche 30 septembre 2007

Conférence sur le Web 2.0: les acteurs du développement d'abord!

Par A. Koda Traoré

C'est sans doute le message qui émerge le plus des joutes oratoires ayant caractérisé cette conférence sur le Web 2।0 co-organisé par le CTA et plusieurs autres partenaires dont la FAO, l'IICD, le Secrétariat ACP. Evident me direz-vous! N'est ce pas que chaque acte que nous devrions poser dans le contexte de développement se doit avant tout de viser à améliorer les rapports des humains entre eux et entre eux et les divers instruments qui leur permettent de peser sur leurs destins?

L'immense majorité de l'espèce humaine cherche donc à améliorer sa condition de vie et celle de sa famille, certains, plus philanthropes, à améliorer celle de leur société, de leur pays, du monde... La différence vient de la façon dont chacun s'y prend pour le faire.


Avec le Web 2.0., c'est notre approche du développement qui se transforme progressivement mais indubitablement pour devenir moins auto-centrique, plus participative.

Avec le Web 2.0., le concept de l'individu social se réaffirme avec plus d'accuité. L'individu en face de son clavier ou tenant son téléphone mobile, sa camera prend toute la mesure de la force de ses mots, de ses paroles, de ses images bref, de tous ces moyens d'expression qui ont fait depuis la nuit des temps le bonheur (hélas souvent le malheur!) d'une catégorie assez restreinte de professionnels (journalistes, écrivains, ...).

Avec le Web 2.0., des communautés recluses au fin fonds des forêts ou des glaciers peuvent parler au monde et exprimer leur différence avec force comme pour rappeler leur appartenance à cette humanité qu'on semble leur dénier. En témoigne, cette présentation au cours de la conférence, d'un jeune congolais sur le cas des pygmées dans son pays. En dépit des questions qu'il peut soulever, ce témoignage avait ému toute la salle. Il lui fallait un peu moins de naivité diraient certains puristes, pour... convaincre. Convaincre qui si l'on est soi même convaincu que la cause est juste, si ceux à qui l'on permet de s'exprimer en sont eux même convaincus. Le Web 2.0 c'est tout cela à la fois, un mélange de spontaneité, de maladresse, de... conviction.

Et pourtant des questions demeurent! Je ne m'étalerais pas longuement dessus car je les ai couvertes à d'autres occasions. Encore qu'il me semble utile d’en rappeler quelques unes pour que l'on ne soit pas tenté de les évacuer rapidement. Elles sont techniques et posent des questions de gestion de cette masse énorme d'information, de qualité et de pertinence. Elles sont juridiques : propriété intellectuelle des œuvres, inadaptation des lois et règlements au nouvel environnement né de l'Internet? Elles sont économiques, marquées notamment par des problèmes d'accès et de disponibilité des infrastructures minimales (énergie électrique, connectivité etc.).

Au delà du Web 2.0., ce sont donc de nouveaux systèmes de valeur qu'il nous faudrait intégrer. De nouveaux systèmes qui nous amèneraient à revoir par exemple la structure de nos instituions marquée par pas mal de rigidité, souvent une forte, une trop forte hiérarchisation des fonctions qui ne laissent souvent pas place à la créativité. Plutôt que d'affirmer de façon péremptoire que le Web 2.0 n'est pas adapté au contexte institutionnel (dixit un autre présentateur), nous devons nous poser la question de savoir quels avantages nous pouvons tirer d'une approche dont les origines sont ancrées au fin fonds de ce qui fait le fondement du monde libre, c'est à dire la liberté d'opnion, la démocratie tout simplement. C'est dans cette perspective qu'il faut analyser le Web 2.0. et demain le Web 3 ou 4.0. pour l'intégrer à un mouvement d'ensemble avec ses avantages et ses inconvénients.

Alors vos blog-wiki?

samedi 29 septembre 2007

WEB 2.0: L’Afrique est concernée!

Le continent Africain ne peut pas être en marge de cette nouvelle mouvance dictée par l’internet participatif. Elle est aussi concernée par le Web 2.0 dont les outils sont accessibles à tous. Mais il faut également tenir compte de l’explosion de la téléphonie mobile et des outils de communincation de masse comme la radio et la télévision.

( Rome –Envoyé Spécial) « L’Afrique est belle et bien concernée par le Web 2.0. Ces outils sont accessibles aux Africains », a déclaré l’un des maîtres d’œuvre de la conférence et agent au Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), Aboubacar Koda Traoré. Il tente ainsi de couper court aux allégations et réactions qui prétendent que le continent Africain est en marge de cette révolution parce qu’elle n’est pas outillée. Lire plus

Interview de Koda Traoré par Ibrahima Lissa FAYE, Sud Online, Sénégal
lire l'interview sur le site Web2pourDev du CTA

mardi 25 septembre 2007

Vous avez dit normalisation?

Dans un contexte où certains initiés parlent de plus en plus de "mashup", de "tag" de "signets signaux", bref de toutes ces technologies fascinantes qui ont pour noble ambition de faciliter les échanges, la collaboration entre les personnes, le partage des experiences, voila qu'une autre catégorie de "specialistes" nous rappellent le besoin de disposer d'un minimum de normes pour justement mieux echanger, partager les ressources, contextualiser l'information et lui apporter une valeur ajoutee.
C'est tout l'objectif de cette initiative globale pour la recherche d'une cohérence des systèmes d'information scientifiques et techniques pour le développement agricole et rural qui a regroupé en ouverture de la conférence sur la semaine du e-agriculture, des experts en systèmes d'information de plusieurs institutions de recherche et de développement.

Et pourtant le Web 2.0. est une realité dont il faudrait tenir compte!

De plus en plus, les barrieres s'estompent entre ceux qui publient l'information, ceux qui la produisent et ceux qui sont censés l'organiser et la gérer (voir postings precédents)
De plus en plus, des voies s'élèvent pour demander qu'il yait plus de passerelles entre le monde fermé ou perçu comme tel, de la recherche scientifique et les communautés à la base en particulier celles rurales.

De plus en plus, se forment des communautes virtuelles où l'appartenance à une ou plusieurs communautés est aussi fonction de motivation pouvant se réduire à des questions d'humeur ou juste le plaisir de socialiser et de partager des expériences personnelles.

Opportunités ou défis, nous devons les saisir ou y répondre en trouvant les meilleures articulations possibles entre deux préoccupations toutes aussi légitimes et qui en dépit des apparences ne sont pas si antagoniques.

jeudi 20 septembre 2007

Créer des conditions pour ancrer la radio rurale dans le développement africain

Par A. Koda Traoré; Oumy K. Ndiaye

L’extraordinaire développement du numérique a entraîné des transformations socio-économiques majeures, y compris la gestion et la communication des savoirs et des techniques au service du développement.
Pour les pays ACP, en particulier ceux d’Afrique, la radio reste toutefois le moyen par excellence de communication et de diffusion de l’information et joue un rôle essentiel dans les communautés rurales. Par conséquent, les avancées technologiques en radio rurale sont porteuses d’espoirs considérables pour de nombreux réseaux de radiodiffuseurs indépendants et leurs auditeurs en milieu rural.
Cependant, les progrès observés dans certains pays ne se reflètent pas partout. L’objet de ce texte est d’analyser les enjeux qui gravitent autour du développement et de l’utilisation de la radio dans toute l’Afrique. En premier lieu, il donnera une définition claire de ce que l’on entend par "radio rurale", la façon dont elle est utilisée en Afrique et le contexte socio-économique, technologique et réglementaire qui caractérise actuellement le paysage radiophonique rural africain sont également esquissés.

Enfin, l’accent est mis sur le rôle des décideurs et des organismes d’accompagnement comme le CTA pour créer les conditions favorables au développement de réseaux radio peu coûteux, à travers une utilisation optimale des TIC.

Quelques références utiles

Rural radio: creating conditions to cement its place in African development

By: Koda Traoré; Oumy K. Ndiaye

The extraordinary recent advances in digital communications have brought with them major socio-economic transformations. One of these is in the management and communication of techniques and knowledge for development.

For ACP countries in general, and Africa’s member states in particular, radio is still, however, the most effective method of communication and information dissemination and as such plays an essential role within ACP rural communities. Technological advances in rural radio therefore bring with them hope and increased expectations for the many independent radio broadcasters and their rural listeners.

However, the progress seen in some countries is not mirrored in all, for a variety of reasons. Presented here is an analysis of the issues surrounding the development and use of radio throughout Africa, which presents the greatest challenge of all. First, though, a clear definition is provided for what is commonly called ‘rural radio.’ The way that rural radio is used in Africa, and the socio-economic, technological and regulatory contexts that currently make up rural Africa’s radio landscape are also sketched out.
Finally, attention is drawn to the role of policy-makers and supporting bodies such as CTA in producing favourable conditions for the development of low-cost radio networks, including facilitating the use of new ICTs.
Read more at:

jeudi 13 septembre 2007

Les métiers de l'information documentaire à l’ère de l’électronique

Face à ce que l'on peut appeler la "marée Internet" que deviendront alors ces chers "vieux?" intermédiaires du livre ? Sont-ils appeler à disparaître comme certains le pensent ou au contraire leurs métiers deviendront plus d'indispensables comme le pensent d'autres? Pour mieux répondre à ces questions allons au coeur de ce métier dont tous reconnaissent volontiers l'importance de l'objet c'est dire l'information sans qu'il y ait la même unanimité quant à la la valeur ajoutée de ses professionnels dans la chaîne du savoir en dehors des facilités qu'ils offrent en termes d'organisation et d'accès à l'information.

Terminologie

A l’origine il y’avait les bibliothèques. Elles ont été crées pour servir de lieu de conservation du savoir humain entreposé dans les livres. Leur nom est assez significatif à cet égard : « Biblio »voulant dire livre et « theque » venant du grec Thêkê signifiant loge, réceptacle, armoire. Leur concept a toujours été intimement lié à celui de l’écriture, manuscrite puis imprimée, notamment avec la naissance de l’imprimerie moderne. Lorsqu'il parle de la littérature et de son public, Kernan indique que "l'imprimerie a rendu pour la première fois la littérature objectivement réelle et par conséquent subjectivement concevable comme fait universel, dans les grandes bibliothèques de livres imprimés qui contenaient de grandes collections d'écrits mondiaux". Ainsi, nous trouvons-nous déterminés historiquement par la manifestation physique du texte. La bibliothèque a représenté le désir de récupérer l'information dans le texte fixe et multiple produit de la technologie de l'imprimerie. Elle a favorisé le développement de langages contrôlés permettant d'établir des liens hiérarchiques et des associations entre les termes employés pour décrire le contenu du texte et créer des outils de recherche [Cristian Cabezas M.]


La révolution technologique de la fin du siècle dernier a conduit à une redéfinition du concept des bibliothèques. Internet notamment, a obligé le monde de l’information documentaire à abandonner progressivement l’idée de conservation et de mémoire qui caractérisaient les bibliothèques traditionnelles. Celles ci s’acheminent de plus en plus vers une politique d’ouverture, de démocratisation de l’information et de recherche. C’est ainsi que les premiers concepts de bibliothèque virtuelle pour certains, numérique ou électronique pour d’autres, a commencé à faire son apparition.

Selon Jean-Claude Guédon, le mot virtuel, comme dans l’expression bibliothèque virtuelle, « renvoie à une série de problèmes différents de ceux de la numérisation. Nous ne devons pas confondre virtuel et irréel. Le virtuel n’est autre que du potentiel, et en tant que tel, il est la réalité en devenir.

Une bibliothèque virtuelle porte ainsi en elle la promesse intense de sa réalisation (concrétisation) « Avec les documents numériques, les bibliothèques doivent apprendre à concrétiser les fonctions de base en prenant en compte les caractéristiques matérielles particulières de ces nouveaux supports.

Le terme bibliothèque virtuelle renverrait donc à la potentialité de réalisation d’une forme nouvelle d’activité ou de transition » [Guédon 1998]

Pour des étudiants de l’INSA, qui présentent une bibliographie sur le sujet en 1999, la bibliothèque virtuelle est « une potentialité de consulter des millions de pages en ligne avec l’aide d’outils de navigation et d’agents intelligents spécialisés. Les auteurs utilisent d’ailleurs le terme de bibliothèque numérique pour évoquer les conséquences techniques et sociales de la mise en ligne et de l’organisation intellectuelle de documents électroniques par une bibliothèque. La bibliothèque virtuelle représenterait donc la bibliothèque totale, existant depuis toujours dans l’imaginaire collectif.

L’expression « bibliothèque numérique », traduction de « digital library », telle que la définit Hervé Le Crosnier est celle de « bibliothèques organisant l’accès aux documents numériques » [Lecrosnier1997]

L’expression « bibliothèque électronique » est quant à elle employée par les Britanniques pour leur projet eLib (UK Electronic Libraries Program) Chris Rusbridge, dans le premier bilan qu’elle produit de ce programme, nous présente les différences entre ce projet et le projet américain DLI (US Digital Libraries Initiative). Tandis que le projet DLI a pour objectif d’amener les différentes ressources aux utilisateurs, le projet eLib part des besoins des institutions, des usagers et des bibliothécaires pour en déduire les ressources utiles. En ce sens, l’expression « bibliothèque électronique », utilisée en Europe et en France particulièrement, se référerait à la définition et à la conception selon les besoins de ses usagers d’une bibliothèque dans l’univers électronique.

Ainsi, les trois expressions correspondraient à trois concepts différents : la bibliothèque virtuelle est une collection de documents sans limite et non détenue, la bibliothèque numérique, une collection précise et située, la bibliothèque électronique un ensemble de services qui dépassent la seule collection numérique.

Les défis sont donc multiples

Les centres d’informations documentaires (bibliothèques, centres de documentation, centre de ressources…) ont toujours vécu dans l’optique de répondre efficacement aux demandes d’information de leurs usagers. Ainsi tout le travail d’organisation, de collecte et d’acquisition vise à atteindre ce « sacro-saint objectif» Nous ouvrons ici une parenthèse pour mentionner ici quelques similarités avec le rôle que tentent de jouer certaines institutions telles que le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA). En effet, en permettant un meilleur accès à l’information agricole et rurale, le CTA n’a t-il pas pour vocation de jouer aussi ce rôle si cher aux bibliothèques et centres d’information documentaire ? Fermons la parenthèse pour dire que si l’objectif à terme est le même, les fonctions et les outils pour y arriver vont certainement changer avec l’émergence des nouvelles technologies informatiques et télématiques.

Les métiers d’intermédiaires de l’information (librairies, agences d’abonnement, bibliothèques et centres de documentation) se sont conçus autour du livre imprimé. La plupart des intermédiaires, qui doivent traiter le document pour en gérer sa part transitoire, ont développé un savoir-faire fondé sur les caractéristiques physiques du document. En revanche, avec l’ère de l’électronique le document est davantage le « véhicule d’un contenu que sa matérialisation » Il (le document) perd ses repères physiques et le livre ne serait dès lors qu’une « une collection de chapitres et le périodique une collection d’articles» [Lupovici, 1996]

Dans cette nouvelle donne, les bibliothèques et centres d’information documentaire seront appelés à jouer un rôle de plus en plus de conseil, de formation à l’utilisation des outils et réseaux et d’ajout à la valeur de l’information existante. Les fonctions traditionnelles de catalogage, d’indexation et même de recherche dans les bases de données cèdent progressivement le pas aux fonctions de veille, d’accompagnement et d'analyse.

Plusieurs opportunités s’offrent ainsi aux systèmes d’information documentaire parmi lesquelles, nous pouvons retenir notamment:
  • L’édition et la publication électronique
  • Le « référencement documentaire » dérivant de la traditionnelle fonction de bibliographe
  • La veille environnementale, concurentielle ou technologique devant permettre l’élaboration de produits personnalisés à haute valeur ajoutée.

C’est notamment autour de cette dernière fonction de veille que pourrait se trouver sans doute l'avenir des métiers de l'information documentaire en particulier pour les pays d'Afrique afin qu'ils mettent en place des dispositifs importants qui serviront de tremplin pour asseoir une véritable culture de l'information et être capable d'anticiper les innovations.

Internet au coeur des métiers de l'information

Contexte
L’une des plus grandes révolutions de notre siècle est certainement la naissance d’Internet, système mondial et décentralisé de réseaux informatiques. Son exceptionnel développement s’explique en partie par l’adoption massive dont il a fait l’objet au niveau des entreprises dans un premier temps, au niveau du grand public ensuite. Internet s’est développé parce qu’il répondait à un besoin important du public mais son succès est aussi étroitement lié aux moteurs technologiques qui l'ont favorisé et aux facteurs économiques qui ont permis son déploiement rapide. Pour beaucoup d’observateurs, il est à la base de la chute du tout communautaire comme modèle de développement économique et social. Mais, disons le tout de suite Internet a aussi permis (paradoxe ?) l’égalité d’accès aux informations, le rapprochement des peuples, la chute des barrières, l’explosion des réseaux... N’est-il pas réseau lui-même ? Avec Internet, le monde s’oriente vers un individu en réseau dont l’identité ressemble plus à celle des phonèmes linguistiques qu’à celle des atomes [Guedon, 1998] (1)

Cette grande révolution « technologique » va bouleverser radicalement les métiers de l’information qui se sont construits autour de l’imprimé. Nous sommes entrés véritablement dans l’ère des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Les métiers des bibliothèques, de la documentation, de l’édition et même du journalisme vont devoir adapter leurs modes de travail et certaines de leurs fonctions à ces nouvelles valeurs.

Dans ce chapitre nous survolerons cette révolution technologique, qui comme l’imprimerie au 15e siècle, est en train de bouleverser notre mode vie. Nous analyserons les implications aux niveaux socio-économiques et technologiques en mettant un accent en particulier sur les changements qu’elle a entraîné pour le monde des sciences de l’information et des bibliothèques. Cette analyse se fera sur fonds de comparaison entre deux concepts vraisemblablement différents voire antagoniques.

Un peu d’histoire

Internet est né en 1969, d'un projet militaire américain Arpanet (Advanced Research Project Agency Network) et présenté par l'armée en 1972. Il devait faire partie de la stratégie de défense américaine au plus fort de la guerre froide contre le bloc soviétique. Le but initial de ce projet était donc d'assurer, en cas de conflit, l'échange de données entre des ordinateurs de toutes sortes, et ce même sur un réseau en partie détruit, les données concernant l'ennemi devant prendre automatiquement le meilleur chemin possible parmi les machines encore valides.

Par la suite, ce projet est devenu scientifique et universitaire. Par le professeur Clever d’abord, qui fût associé au projet militaire et qui pensa à utiliser ses connaissances pour relier de façon économique et informatique plusieurs universités. C'est la naissance du réseau NSF (Fondation nationale pour la science)

Mais l'accès à NSF reste réservée aux campus. Jusqu'au jour où Clever en vient à mettre au point la connexion aux ordinateurs universitaires depuis chez soi via la ligne téléphonique habituelle. Ceci par l'intermédiaire d'un ordinateur et d'un appareil électronique et d’un modem. De nombreux étudiants adoptent ensuite cette solution.

Le professeur Clever fusionnera plus tard Arpanet et d'autres réseaux dans ce qu'on nomme " Internet ". Des entreprises américaines s'en servent dès lors pour correspondre instantanément entre leurs différentes filiales et contribuent à son expansion en permettant à leurs clients des accès au prix d'une communication locale.

Internet se démocratise de plus en plus jusqu'à ce que certaines sociétés décident alors de commercialiser des accès au Web pour les particuliers. Ce sont les fameux Fournisseurs d'Accès à Internet.

Effets socio-économiques

Internet est certes une prouesse technologique sans précédent, mais ce sont ses implications sur le mode de fonctionnement du monde (formation et recherche scientifiques, échanges commerciaux, inter-actions socio-politiques…) qui resteront inéluctablement les plus marquantes de notre ère. On peut affirmer sans trop de risque de se tromper que l’Internet a été un des principaux moteurs de la libéralisation économique mondiale et sera appelé (si ce n’est pas déjà le cas) à jouer un rôle majeur dans la démocratisation de nombreux pays en particulier ceux d’Afrique. Cette dimension est illustrée dans la fig1 ci-dessous extraite d’une étude intéressante sur le sujet. Dans ce document, les auteurs soulignent que le « développement d'Internet fait appel à trois types de moteurs, qui s'entraînent les uns et les autres et produisent une dynamique d'innovation sans précédent : des moteurs d'usage, des moteurs technologiques et des moteurs économiques » et la dimension légale et réglementaire. Tout programme de R&D devraient être évalué, du point de vue de ses objectifs ou de sa pertinence, sous ces aspects indissociables (2)

Figure 1: Moteurs d'Internet (source: Rapport du groupe Internet du Futur. 2000)

  • Les moteurs d'usage : messagerie électronique, forums, Web, commerce électronique…
  • Les moteurs technologiques : le PC comme terminal universel, l'accroissement des performances des réseaux et des machines, le multimédia (HTML, XML, SGML), le protocole IP…
  • Les moteurs économiques : Coût décroissant des équipements, soutien direct du gouvernement américain à la R & D, adoption de standards ouverts, dynamique de création d'entreprises et commerce électronique…
  • Le cadre réglementaire : tarif plat dans la boucle locale, exemption de fait de la TVA pour le commerce électronique, régime d'interconnexion de plus en plus favorable

Cette situation a bouleversé considérablement les rapports entre les personnes et les entreprises, a remis en cause les différentes échelles de valeur et a favorisé ou conduit à l’émergence de nouveaux acteurs dans le monde du travail. Le monde des sciences de l’information d’une manière générale, celui de la documentation en particulier n’a pas échappé à ce bouleversement.

Les d
éfis

Le réseau Internet a été en quelques années victime de son propre succès. Il est devenu en effet, en peu de temps un carrefour d’échanges inévitable, emprunté par des personnes du monde entier, dans des secteurs aussi variés que l’analyse financière ou la haute couture. Mais ces inquiétudes, qui portent habituellement sur les temps de chargement prohibitifs et sur les limitations d’accès dus à la surcharge du réseau, ne sont que des «douleurs de croissance», qui se résoudront (3). Face à cette surcharge informationnelle, certains spécialistes parmi lesquels les experts en information documentaire, profession oblige, sont convaincus que l’on ne parviendra à bien l’utiliser que si l’on arrive à structurer, à stocker et à classer l’information qui y circule.

C’est ainsi que de nombreuses organisations ont initié des projets de tailles diverses visant à développer des sites Web spécialisés portant sur les problématiques du développement. Ce sont principalement des répertoires numériques qui identifient les ressources existantes et les réorganisent autour d’une classification thématique grâce à de nouveaux outils d’indexation et de stockage. Des analyses plus ou moins critiques accompagnent souvent ces sites pour guider le visiteur occasionnel.

Nous avons quelques inquiétudes quant aux succès d’initiatives visant à structurer Internet. Nous vous livrons ci-après certaines des multiples raisons qui pourraient être évoquées :

  • L'expérience née de l'échec relatif de la révolution bibliographique mondiale des années 1980, a démontré qu’il est extrêmement difficile de réunir l’ensemble de la production documentaire autour d’une base de données mondiale utilisant les mêmes standards. Les personnes et les organisations ont en général des besoins différents, des attentes différentes et des manières de travailler différentes.
  • La mondialisation de l’économie s’est aussi traduite par une mondialisation de l’information. Internet comme nous l’avons décrit plus haut n’appartient à aucune organisation ou pays. Ce qui en fait certes un réservoir immense mais également désorganisé voire chaotique de données difficiles à structurer.
  • La numérisation comme passage du format imprimé au format électronique n’incarne pas nécessairement le virtuel. L’aurait-elle été, qu’elle n’aurait que peu ou pas de valeur ajoutée au papier. La véritable question est de savoir si les objectifs « anciens » peuvent toujours être maintenus dans ou malgré le réseau Internet. Dans le cas contraire quelles mesures prendre si l’on veut s’adapter aux nouvelles valeurs incarnées par Internet ?[4]

Référence.

[1] La bibliothèque numérique : un oxymore ? URL : http://theses.univ-lyon2.fr/info/theses/nlm-fr.html
[2] Rapport Internet du Futur. 2000. Url : http://www.telecom.gouv.fr/rnrt/idf/idf_synthese.htm

[3] De nombreuses études se sont penchées sur ce sujet. L’objet de ce document n’étant Internet, nous nous sommes limités à en introduire la problématique.

[4] Dans sa conférence la bibliothèque numérique : un oxymore ? Guédon, (1998) semble être partisan d’une préservation des valeurs fondamentales de la bibliothéconomie à travers la traduction des règles à appliquer au Net. Idée séduisante mais comme nous l’avions affirmé plus haut, Internet est moteur de toute une pensée et véhicule des valeurs fortes de non-structuration et de liberté (de mot ?) il est plus utile aux bibliothèques de s’orienter vers d’autres secteurs d’activité que de vouloir s’accrocher à ce rôle de conservation et de gardienne du temple qui de toute façon sera perdu face aux avancées technologiques. Voir paragraphe suivant.

mercredi 12 septembre 2007

Integrated Use of Information and Communication Tools: CTA rural radio programme

By A. Koda Traoré Programme Coordinator, Communication Channels and Services Department, CTA. Sensitization Workshop on Rural Radio for Eastern and Southern African Countrie, Lilongwe, 26 of April 2005
The processes of liberalisation, democratisation and decentralisation in many African countries have led to rapid changes in society including rural communities. This situation is marked amongst others by an increased number of radio stations in urban and rural areas owned by private sector, farmer organisations and NGOs. Similarly, the Internet revolution has opened new avenues for radio development (better availability and access to equipment) which requires a high degree of adaptability and anticipation to fast moving trends by all actors so as to adopt correct response strategies.

In this context, communication is becoming increasingly of more strategic importance in face of the major changes taking place in African, Caribbean and Pacific (ACP) countries and challenges related to vital issues such as food security and poverty. CTA’s current mandate takes these factors into consideration as it widens its interventions from scientific and technical information to information and communication for agricultural development.

This paper focuses on CTA’s ICT based programme with special emphasis on rural radio.


Click here to read the full paper on pages 30-35

mercredi 29 août 2007

Enjeux des TIC en Afrique

Le Monde se caractérise par deux concepts qui semblent intimement liés : la mondialisation et l'économie de l'information. Les transformations que ces deux concepts véhiculent (en termes de progrès social, économique, politique, technique et culturel) exercent leurs effets sur les économies de l’ensemble des pays et sont de ce fait, porteuses d'enjeux et de perspectives considérables. [1]Pour les pays Africains, cette période se caractérise également par une démocratisation des systèmes politiques avec pour effet une décentralisation progressive des décisions.Comme la mondialisation et la marche vers ce que l'on appelle l'économie de l'information reposent largement sur des produits et des services et la gestion du savoir, les pays Africains voient leur position, déjà fragile dans l'économie mondiale se détériorer davantage.Sur tout un autre plan, ils doivent faire face à une évolution très rapide des innovations technologiques qui réduisent les coûts du matériel et des logiciels et introduisent une nouvelle forme de concurrence dans des secteurs considérés longtemps comme le domaine exclusif de l’Etat.En dépit d’un contexte de plus en plus difficile et complexe, nombreux sont ceux qui s’accordent à reconnaître que l’impact de la révolution de l’information sur les pays en développement n’est pas encore suffisamment perçu.Compte tenu des principaux facteurs mentionnés ci-dessus, l'objectif de ce blog est de lancer le débat, saisir les enjeux de ces technologies et maîtriser les contraintes pour qu’ils servent au mieux le développement de l'Afrique.Je vous propose de structurer les contributions autours de ces trois questions qui me semblent importantes:(1) Quels sont les enjeux actuels que pose l''utilisation des TIC dans le contexte socio-économique africain?Quelles sont les contraintes directes ou celles affectant le "boom des TIC" dans ces pays d'Afrique?Quelles pourraient être les mesures à prendre dans le court et moyen terme?--------[1] CEA.1999. La mondialisation et l’économie de l’information : enjeux et perspectives pour l’Afrique.


Koda